La fidélité est à la vie affective ce que la cohérence est  à la vie intellectuelle – simplement la confession d’un échec.
Il y a beaucoup de choses que nous aimerions jeter si nous  n’avions pas peur que d’autres les ramassent
Les gens font bien des histoires au sujet de la fidélité !  Pourtant, même en amour il s’agit purement et simplement d’une question  physiologique. Notre propre volonté n’est pas du tout concernée. Les jeunes gens  veulent être fidèles et ne le sont pas ; les vieux veulent être infidèles et n’y  parviennent pas – c’est tout ce que l’on peut dire.
Modernité de forme et modernité de contenu sont deux  notions entièrement et absolument erronées. Nous avons pris la livrée vulgaire  que revêt notre époque pour le vêtement des muses et passons nos jours dans les  rues sordides et les banlieues hideuses de nos horribles villes alors que nous  devrions être au grand air, dans les collines avec Apollon. Il ne fait aucun  doute que nous sommes une race dégénérée et que nous avons vendu notre droit  d’aînesse pour un plat de vérités scientifiques.
Seuls les sens peuvent guérir l’âme, tout comme seule l’âme  peut guérir les sens.
Je peux accepter la force brutale, mais la raison brutale  est vraiment insupportable. Il y a de la malhonnêteté à l’utiliser. C’est  frapper en dessous de l’intellect.
Ceux qui vivent dans le marbre ou sur un panneau peint ne  connaissent de la vie qu’un seul instant exquis, d’une beauté éternelle, il est  vrai, mais limité à une unique note de passion ou à un seul état d’apaisement.  Ceux que les poètes font vivre ont d’innombrables émotions de joie et de  terreur, de courage et de désespoir, de plaisir et de souffrance. Les saisons  vont et viennent en processions joyeuses ou tristes et les années aux pieds  lourds ou ailés défilent devant eux. Ils ont leur jeunesse et leur maturité, ils  sont enfants et ils vieillissent  Sainte Hélène ne connaît de  l’aube que ce que Véronèse en a vu de sa fenêtre. Dans l’air calme du matin, les  anges lui apportent le symbole de la souffrance de Dieu. Les brises fraîches du  matin soulèvent sur son front ses fins cheveux d’or. Sur cette colline basse  près de la ville de Florence om les amants de Giorgione sont étendus, le soleil  est toujours au zénith – un midi que le soleil d’été rend si langoureux que la  svelte jeune fille nue peut à peine plonger la bulle ronde de verre transparent  dans le bassin de marbre, et que les doigts effilés du joueur de luth sont  posés, immobiles, sur les cordes. C’est toujours, le crépuscule pour la ronde de  nymphes que Corot libère au milieu des peupliers argentés de France. Elles se  meuvent dans un éternel crépuscule, ces figures frêles et diaphanes dont les  pieds blancs frémissent sans paraître toucher l’herbe parsemée de rosée qu’elles  parcourent. mais  ceux qui avancent dans l’épopée, le drame ou le  roman voient passer les mois tourmentés, les lunes croissent et décroissent, ils  contemplent la nuit depuis l’étoile du soir jusqu’à celle du matin, et du lever  jusqu’au coucher du soleil, ils peuvent observer le jour changeant avec tout son  or et toutes ses ombres. Pour eux, comme pour nous, les fleurs fleurissent et se  fanent, et la terre, cette déesse aux tresses vertes, comme l’appelle Coleridge,  varie sa parure pour leur plaisir ; la statue est concentrée dans un unique  moment de perfection. L’image qui colore la toile ne possède aucun élément  spirituel qui la ferait progresser ou changer ; si image et statue ne savent  rien de la mort, c’est parce qu’elles ne savent pas grand-chose de la vie, car  les secrets de la vie et de la mort appartiennent à ceux, et seulement à ceux  qu’affecte le déroulement du temps et qui ne possèdent pas seulement le présent  mais aussi le futur et peuvent se relever d’un passé de honte ou sombrer après  un passé de gloire.
Le mouvement, ce problème des arts visibles, ne peut être  réalisé que par la littérature. C’est la littérature qui nous montre le corps  dans sa vivacité et l’âme dans son inquiétude.
Un peu de tragique existe derrière toute chose exquise. Les  mondes doivent être en travail avant que la moindre leur puisse  éclore.
La beauté est une forme de génie – plus haut placée, en  fait, que le génie, car elle n’a pas besoin d’être expliquée. C’est un des faits  indéniables du monde, comme la lumière du soleil, ou les mois de printemps, ou  la réflexion dans l’eau sombre de cette coquille argentée que nous appelons la  lune. Impossible de la remettre en question, un droit divin la rend  souveraine.
L’unique façon de se débarrasser d’une tentation est de s’y  abandonner. Résistez, et votre âme se rend malade à force de languir pour ce  qu’elle s’est interdit.
Les femmes gâchent toutes les histoires d’amour en tentant  de les faire durer à jamais.
Pour moi, la beauté est la merveille des merveilles. Il  faut être bien superficiel pour refuser de juger d’après les apparences. Le vrai  mystère du monde du monde est le visible, pas l’invisible.
L’idéal moderne est un homme parfaitement bien informé. Et  l’esprit d’un homme bien informé est une chose terrible. Il ressemble à une  boutique de bric-à-brac, rien que des monstres et de la poussière, chaque chose  marquée d’un prix bien supérieur à sa valeur réelle.
Influencer quelqu’un, c’est lui donner sa propre âme.  L’autre n’a plus de pensées qui lui soient propres et ne brûle plus de ses  passions propres ; ses vertus n’ont plus, pour lui, de réalité. Ses péchés, si  tant est que le péché existe, sont empruntés. Il devient l’écho de la musique  d’un autre, l’acteur d’un rôle qui n’a pas été écrit pour lui.
Ceux qui  sont fidèles ne connaissent que le  côté trivial de l’amour, seuls ceux qui sont infidèles connaissent les tragédies  de l’amour.
Un artiste devrait créer de très beaux objets mais sans  rien y mettre de personnel. Nous vivons à une époque où les hommes traitent  l’art en l’envisageant comme une forme d’autobiographie. Nous avons perdu le  sens abstrait de la beauté.
Il faut choisir ses ennemis avec beaucoup de précautions.  Je  n’en ai pas un seul qui soit un imbécile. Ils sont tous des  hommes à l’intellect puissant et, en conséquence, m’apprécient  tous.
La valeur d’une idée n’a absolument rien à voir avec la  sincérité de l’homme qui l’exprime.
J’aime les gens plus que les principes, et j’aime les gens  qui n’ont pas de principes plus que n’importe quoi au monde.
Le but de la vie est le développement personnel. Parvenir à  une parfaite réalisation de sa nature – c’est pour cela que nous sommes tous  ici.
 
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