samedi 3 décembre 2011

Citations: Paul Valery


Valéry Paul Ecrivain né en 1871 et décédé a Paris en 1945

Les injures font voir dans l'injurieux une mince confiance dans l'avenir.

Les livres ont les mêmes ennemis que l'homme: le feu, l'humide, les bêtes, le temps; et leur propre contenu.

Les maîtres sont ceux qui nous montrent ce qui est possible dans l'ordre de l'impossible.

Les mythes sont les âmes de nos actions et de nos amours. Nous ne pouvons agir qu'en nous mouvant vers un fantôme.

Les objections naissent souvent de cette simple cause que ceux qui les font n'ont pas trouvé eux-mêmes l'idée qu'ils attaquent.

Les obstacles sont les signes ambigus devant lesquels les uns désespèrent, les autres comprennent qu'il y a quelque chose à comprendre. - Mais il en est qui ne les voient même pas...

Les Optimistes écrivent mal.

Les petits faits inexpliqués contiennent toujours de quoi renverser toutes les explications des grands faits.

Les plus grands hommes sont des hommes qui ont osé se fier à leurs jugements propres, - et pareillement les plus sots.

Les prestiges de l'art d'écrire nous transportent fictivement dans les époques qui leur plaisent.

Les seuls traités qui compteraient sont ceux qui se concluraient entre les arrière-pensées.

Les sots croient que plaisanter, c'est ne pas être sérieux, et qu'un jeu de mots n'est pas une réponse. - Pourquoi cette conviction chez eux? - C'est qu'il est de leur intérêt qu'il en soit ainsi. C'est raison d'Etat, il y va de leur existence.

Les uns sont assez bêtes pour s'aimer; les autres pour se haïr. - Deux manières de se tromper.

Les vilaines pensées viennent du coeur.

Les «raisons» qui font que l'on s'abstient des crimes sont plus honteuses, plus secrètes que les crimes.

Ma modestie est grande. Quand elle se hausse sur les pointes, elle arrive presque au nombril de mon orgueil.

Mais rendre la lumière suppose d'ombre une morne moitié.

Mais toute pensée généralement quelconque peut être «suprême pensée». S'il en était autrement, s'il en fût une suprême en soi et par soi, nous pourrions la trouver par réflexion ou par hasard.

Mais un homme excité ne se paie pas de logique. Mon ami regardait mon calme comme un beau vase qui donne envie de le mettre en morceaux.

Même l'avenir n'est plus ce qu'il était.

Mes vers ont le sens qu'on leur prête.

Homme qui parle trop tôt. Attendez éternellement que vous en sachiez un peu plus.

Mon âme a plus de soif d'être étonnée que de toute autre chose. L'attente, le risque, un peu de doute, l'exaltent et la vivifient bien plus que ne le fait la possession du certain.

Mon coeur fut-il si près d'un coeur qui va faiblir?

Mythe est toute chose qui est inséparable du langage, et lui emprunte toutes ses vertus sans contrepartie.

Ni le rêve, ni la rêverie ne sont nécessairement poétiques; ils peuvent l'être: mais des figures formées au hasard ne sont que par hasard des figures harmoniques.

Nietzsche n'est pas une nourriture - c'est un excitant.

Nos contradictions sont les témoignages et les effets de l'activité de notre pensée.

Nos plus claires idées sont filles d'un travail obscur.

Notre esprit est fait d'un désordre, plus un besoin de mettre en ordre.

Nous autres poètes contraints à bêtiser à dire en chantant ce qui est impensable à froid.

Nous avons de quoi saisir ce qui n'existe pas et de quoi ne pas voir ce qui nous crève les yeux.

Nous entrons dans l'avenir à reculons.

Nous jouissions d'un imprévu limité, ce qui donnait une grande valeur à l'Histoire. Elle nous apprenait qu'il faut, en gros, s'attendre à ce qui a été.

Nous ne pouvons agir qu'en nous mouvant vers un fantôme. Nous ne pouvons aimer que ce que nous créons.

Nous sommes faits pour ignorer que nous ne sommes pas libres.

On a trop réduit la connaissance de la langue à la simple mémoire. Faire de l'orthographe le signe de la culture, signe des temps et de sottise.

On est accessible à la flatterie dans la mesure où soi-même on se flatte.

On n'aime véritablement point quelqu'un à cause de ses qualités en soi, à cause d'aspects universels et enumérables qu'on lui trouve  et qui attirent, mais à cause de son inexplicabilité, au contraire.

On n'est jamais assez content de soi pour se livrer à fond.

On oublie très aisément que, par nécessité de son état, le poète doit être le dernier des hommes à se payer de mots.

On parle bien plus volontiers de ce qu'on ignore. Car c'est à quoi l'on pense. Le travail de l'esprit se porte là, et ne peut se porter que là.

On sait qu'il arrive assez souvent que la solution désirée nous vienne après un temps de désintéressement du problème, et comme la récompense de la liberté rendue à notre esprit.

On se fait rarement rire seul parce qu'on se surprend difficilement soi-même.

Par le moyen de l'homme, l'impossible presse sur le réel.

Par malheur, il y a dans chaque philosophe un mauvais génie qui répond, et répond à tout.

Parfois je pense; et parfois je suis.

Pas de «vérité» sans passion, sans erreur. Je veux dire: la vérité ne s'obtient que passionnément.

Peu d'esprits s'inquiètent d'examiner la question avant de fournir la réponse.

Plagiaire est celui qui a mal digéré la substance des autres: il en rend les morceaux reconnaissables.

Plaire à soi est orgueil; aux autres, vanité.

Le réel est toujours dans l'opposition.

Pour jugez quelqu'un, jugez (si vous les connaissez ou devinez) les intentions qu'il vous prête.

Pour ne pas les égarer, mets les choses toujours où tu les mettrais spontanément. On n'oublie pas ce qu'on ferait toujours.

Pourquoi ne pas concevoir comme une oeuvre d'art l'éxécution d'une oeuvre d'art?

Prévoir est à la fois l'origine et le moyen de toutes les entreprises, grandes ou petites. C'est aussi le fondement présumé de toute la politique.

Si quelqu'un te léche les bottes, mets-lui le pied dessus avant qu'il ne commence à te mordre.


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