Valéry Paul Ecrivain né en 1871 et décédé a Paris en 1945
Le moi est haïssable... mais il s'agit de celui des autres.
Le monde est irrégulièrement semé de dispositions régulières.
Le passé, plus ou moins fantastique, ou plus ou moins organisé après coup, agit sur le futur avec une puissance comparable à celle du présent même.
Le peintre ne doit pas faire ce qu'il voit, mais ce qui sera vu.
Le plaisir qu'il y a à comprendre certains raisonnements délicats dispose l'esprit en faveur de leurs conclusions.
Le plus farouche orgueil naît surtout à l'occasion d'une impuissance.
Le poème, cette hésitation prolongée entre le son et le sens.
Le pourquoi est anthropomorphique. Le comment ne l'est pas.
Le pouvoir sans abus perd le charme.
Le réel ne peut s'exprimer que par l'absurde.
Le réel, à l'état pur, arrête instantanément le coeur.
Le rêve... fête des fous et des esclaves, récompense de la soumission de tout le jour.
Le réveil fait aux rêves une réputation qu'ils ne méritent pas.
Le secret d'un homme d'esprit est moins secret que le secret d'un sot.
Le seul réel dans l'art, c'est l'art.
Le Si est instrument essentiel de l'action mentale.
Le simple est toujours faux. Ce qui ne l'est pas est inutilisable.
Le style résulte d'une sensibilité spéciale à l'égard du langage. Cela ne s'acquiert pas; mais cela se développe.
Le style, pour l'écrivain aussi bien que pour le peintre, est une question non de technique mais de vision.
Le sujet d'un ouvrage est à quoi se réduit un mauvais ouvrage.
Le suprême en ce genre est atteint quand on arrive à la quantification - à la substitution au donné d'un ensemble d'éléments égaux ou égalisables.
Le talent sans génie est peu de chose. Le génie sans talent n'est rien.
Le Temps scintille et le Songe est savoir.
Le très grand art est celui dont les imitations sont légitimes, dignes, supportables; et qui n'est pas détruit ni déprécié par elles; ni elles par lui.
Le vent se lève!.. Il faut tenter de vivre!
Le vivant imagine la vie éternelle comme la planète imagine la tangente.
Le vrai courage est la quantité de simulation disponible; et s'il n'y a pas simulation, il y a insensibilité et non courage.
Le vrai «snob» est celui qui craint d'avouer qu'il s'ennuie quand il s'ennuie; et qu'il s'amuse quand il s'amuse.
Le «déterminisme» est la seule manière de se représenter le monde. Et l'indéterminisme, la seule manière d'y exister.
Le «génie» est une habitude que prennent certains.
Les 3/4 de la métaphysique constituent un simple chapitre de l'histoire du verbe Etre.
Les amis, à la longue, finissent par se classer dans l'ordre de la délicatesse de leur tact.
Les choses abstraites ou trop élevées pour moi ne m'ennuient pas à entendre; j'y trouve un enchantement presque musical.
Les esprits valent selon ce qu'ils exigent. - Je vaux ce que je veux.
Les gestes de l'orateur sont des métaphores.
Les grandes choses sont accomplies par des hommes qui ne sentent pas l'impuissance de l'homme.
Les grandes flatteries sont muettes.
Les grands hommes meurent deux fois, une fois comme hommes, et une fois comme grands.
Les grands poètes reconnus servent à rendre la poésie chose sérieuse dans l'opinion - à en faire presque une institution, une affaire d'Etat.
Les guerres, ce sont des gens qui ne se connaissent pas et qui s'entre-tuent parce que d'autres gens qui se connaissent très bien ne parviennent pas à se mettre d'accord.
Les hommes éminents des spécialités les plus différentes finissent toujours par s'y rencontrer et faire échange de leurs richesses.
Les hommes se distinguent par ce qu'ils montrent et se ressemblent par ce qu'ils cachent.
Les hommes sont forcés de se haïr pour se dévorer, et c'est un grand désavantage qu'ils ont là par rapport aux animaux, lesquels s'entre-mangent avec fureur, mais sans haine.
Les idées précises conduisent souvent à ne rien faire.
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