lundi 5 décembre 2011

Citations: Alain- Emile-Auguste Chartier


Alain- Emile-Auguste Chartier Philosophe et journaliste français1868 – 1951 
Bien que n'ayant jamais adhéré au socialisme, il manifeste de la sympathie pour les mouvements ouvriers et pour le syndicalisme. Jusqu'à la fin des années 30, son œuvre est guidée par la lutte pour le pacifisme et contre la montée des fascismes. En 1936, une attaque cérébrale le condamne au fauteuil roulant.
Alain met au point à partir de 1906 le genre littéraire qui le caractérise, les "Propos". Ce sont de courts articles, inspirés par des évènements de la vie de tous les jours, au style concis et aux formules séduisantes, qui couvrent presque tous les domaines. Cette forme appréciée du grand public a cependant pu détourner certains critiques d'une étude approfondie de son oeuvre philosophique.



C'est un grand art quelquefois de vouloir ce que l'on est assuré de désirer.

C'est une disposition de l'âme qui d'abord se met en garde contre les déceptions et humiliations, par la considération de la vanité de presque tous les biens et de presque tous les désirs.

Car toute cruche, comme dit le sage, a deux anses, et de même tout événement a deux aspects, toujours accablant si l'on veut, toujours réconfortant et consolant si l'on veut; et l'effort qu'on fait pour être heureux n'est jamais perdu.

Caractère d'une faute qui est jugée et méprisée, ce qui la renvoie au diable extérieur. C'est ce qu'on sait se pardonner.

Et qui donc n'a pas besoin d'absolution? Est mortel le remords qui tranche la vie; par exemple un vice qui se juge incurable.

Ce mouvement des mains, si naturel, qui explore les reliefs, fut l'école du naïf sculpteur.

Ce n'est pas communiquer que communiquer seulement ce qui est clair.

Ce n'est pas grand-chose d'avoir des idées, le tout est de les appliquer, c'est-à-dire de penser par elles les dernières différences.

Ce n'est pas peu de chose que de méditer sur un livre; cela dépasse de bien loin la conversation la plus étudiée, où l'objet change aussitôt par la réflexion. Le livre ne change point, et ramène toujours. Il faut que la pensée creuse là.

Ce n'est pas un petit travail d'accorder sagesse et musique.

Ce n'est point parce que j'ai réussi que je suis content; mais c'est parce que j'étais content que j'ai réussi.

Ce que j'appelle République, c'est plutôt une énergique résistance à l'esprit monarchique, d'ailleurs nécessaire partout.
Ce qui console d'un travail difficile, c'est qu'il est «difficile».

Ce qui est aisé à croire ne vaut pas la peine de croire.

Ce qui est nuisible, dans les classements scolaires, c'est la mauvaise place, non la bonne. La mauvaise place qualifie et pèse le médiocre, et le scelle sur lui-même.

Ce qui est remarquable dans le beau, c'est qu'il a importance par lui-même; et cela nous jette hors de nos mesures.

Ce qui fait le jésuite, c'est qu'ayant pesé les moyens extérieurs de persuader, éducation, imitation, opinion unanime, il les juge suffisants, par un profond mépris de la sagesse individuelle, qui examine sans fin et ne fait rien.

Ce qui intéresse n'instruit jamais.

Ce qui plait surtout au citadin dans la campagne, c'est qu'il y va; l'agir porte le désirer.

Ce qui va de soi c'est ce qui va mal.

Ce sont les passions et non les intérêts qui mènent le monde.

Celui qui ne lit que ce qui lui plaît, je le vois bien seul. Toujours en compagnie de ses chétives idées personnelles, comme on dit; mais il ne sortira pas de l'enfance.

Celui qui s'ennuie a une manière de s'asseoir, de se lever, de parler, qui est propre à entretenir l'ennui.

Certes Dieu n'a pas besoin de l'existence; c'est bien plutôt l'existence qui a besoin de Dieu.

Cet ennui du paresseux, qui attend toujours que le plaisir lui vienne comme par magie.

Cette autre vie qu'est cette vie dès qu'on se soucie de son âme.

Ceux qui sont en passions, c'est-à-dire en difficulté avec eux-mêmes ...

Chacun sait bien que le juste n'attend pas que les autres soient justes. Nous ne sommes chargés que de notre part de justice.

Chacun sait qu'une certaine espèce de fous font ce qu'on leur suggère, et qu'ils veulent aussi ce qu'ils font, ce qui fait qu'ils croient faire ce qu'ils veulent. Prouvez que nous ne sommes pas tous ainsi.

Chacun sait, au moins par ouï-dire, qu'il y a des perceptions trompeuses, et des illusions que l'on explique par la fabrique du corps humain.

Chacun se redresse aux maximes et aux proverbes; chacun en sent le prix. Penser sur des maximes c'est se reconnaître et reprendre le gouvernement de soi.

Chose remarquable et trop peu remarquée, ce n'est point la pensée qui nous délivre des passions, mais c'est plutôt l'action qui nous délivre.



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