Alain- Emile-Auguste Chartier Philosophe et journaliste français1868 – 1951
Les maîtres à penser d'Alain furent Platon, Descartes, Kant et Auguste Comte. Le but de sa philosophie est d'apprendre à réfléchir et à penser rationnellement en évitant les préjugés. Humaniste cartésien, il est un "éveilleur d'esprit", passionné de liberté, qui ne propose pas un système ou une école philosophique mais apprend à se méfier des idées toutes faites. Pour lui, la capacité de jugement que donne la perception doit être en prise directe avec la réalité du monde et non bâtie à partir d'un système théorique.
Alain, dont la vie coïncide presque avec la IIIe république, est un radical au sens de la fidélité aux idées ayant fondé la République. C'est grâce à elle, qu'issu du peuple, il a pu développer son génie et rejoindre l'élite intellectuelle.
Comme la religion va de la statue à la théologie, ainsi la pensée va de poésie à prose.
Comprendre Platon, ce n'est pas beaucoup; il faut être soi-même Platon et penser difficilement.
Depuis que l'avion s'est envolé sans la permission des théoriciens, les techniciens se moquent des théoriciens.
Dès qu'un enfant comprend quelque chose, il se produit en lui un mouvement admirable. S'il est délivré de la crainte et du respect, vous le voyez se lever, dessiner l'idée à grands gestes, et soudain rire de tout son cœur, comme au plus beau des jeux.
Dès que l'on s'instruit en vue d'enseigner, on s'instruit mal.
Dès que nous tenons une opinion, elle nous tient.
Désordre dans le corps, erreur dans l'esprit, l'un nourrissant l'autre, voilà le réel de l'imagination.
Devant le feu follet, l'un dit âme des morts, et l'autre dit hydrogène sulfuré.
Donner légèrement un fort coup de marteau, c'est déjà un secret assez caché.
Douter, c'est examiner, c'est démonter et remonter les idées comme des rouages, sans prévention et sans précipitation.
Ecrire est toujours un art plein de rencontres. La lettre la plus simple suppose un choix entre des milliers de mots, dont la plupart sont étrangers à ce que vous voulez dire.
En tout c'est l'opportunisme qui est vil, et le pire de tout est d'adorer l'opportunisme, et d'en faire une doctrine.
En toute œuvre d'art, la pensée sort de l'œuvre, et jamais une œuvre ne sort d'une pensée.
Espérer ce n'est pas vouloir.
Espérer, c'est être heureux.
Est bourgeois tout ce qui vit de persuader.
Et il faut remarquer qu'une grandeur redoutable de l'homme est en ceci qu'il peut se résigner, et même trouver une sorte de consolation à prédire son propre malheur.
Et il y a plus de volonté qu'on ne croit dans le bonheur.
Et je crois que le commencement de la folie est une manière irritée de prendre tout, même les choses indifférentes.
Et le fétichisme qui adore tout objet utile ou nuisible comme un dieu, d'après les relations sociales les plus simples, est la forme la plus naïve de la prévision et de l'action réglée, fondée sur l'observation et le souvenir.
Et que faisons-nous d'autre, sinon d'aller toujours de trop penser à trop peu penser?
Etre cultivé c'est, en chaque ordre, remonter à la source et boire dans le creux de sa main, non point dans une coupe empruntée.
Exister c'est répondre aux chocs du monde environnant; c'est, plus d'une fois par jour, et plus d'une fois par heure, oublier ce qu'on a juré d'être.
Exister, c'est dépendre, c'est être battu du flot extérieur.
Faire de nécessité vertu est le beau et grand travail.
Faire et non subir, tel est le fond de l'agréable.
Faire plaisir, n'est-ce pas être menteur, flatteur, courtisan?
Foi: Volonté de croire, sans preuve et contre les preuves, que l'homme peut faire son destn, et que la morale n'est donc pas un vain mot.
Fondez une Société des honnêtes gens, tous les voleurs en seront.
Gardez-vous des gens d'esprit; ils feront tenir en trois lignes l'avenir de vos pensées.
Hâte toi de bien vivre et songe que chaque jour est une vie.
Idéal: modèle qu'on se compose, en vue de l'admirer et de l'imiter. L'idéal est toujours nettoyé d'un peu de réalité qui ferait tache.
Il arrive que les maîtres, surtout jeunes, se plaisent à discourir; et les élèves ne se plaisent pas moins à écouter; c'est la ruse de la paresse. Mais nul ne s'instruit en écoutant; c'est en lisant qu'on s'instruit.
Il arrive que, de se croire aimé, on vienne à aimer moins.
Il est à supposer que les jurons, qui sont des exclamations entièrement dépourvues de sens, ont été inventés comme instinctivement pour donner issue à la colère, sans rien dire de blessant ni d'irréparable.
Il est bien vrai que nous devons penser au bonheur d'autrui; mais on ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c'est encore d'être heureux.
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